"Focusing" , la démarche
Globalement, la démarche du focusing se caractérise par une attitude d'attention au «senti», c'est-à-dire à ce qui se passe « en soi » : telles les émotions, les sensations kinesthésiques, ainsi que les perceptions viscérales toutes à la fois ; un senti qui dépasse la simple perception physiologique.
La personne, guidé par son accompagnateur se met à l’écoute de soi. Elle se «focalise» avec une attitude attentive, précise et extrêmement subtile sur une sensation corporelle plutôt vague, au départ, mais concrètement ressentie, qui n’est ni vraiment une émotion, ni vraiment somatique. Il s’agit d’une perception forte mais indistincte sur ce qui est intimement ressenti. On capte quelque chose de flou pour l’intellect mais qui est ressenti avec certitude et qui habite la personne avec toutes ses nuances, (comme l’expérience corporellement ressentie des situations que nous vivons – selon les circonstances et exprimées de façon vagues: ressenti de légèreté, de se sentir lourd, serré, entravé, plein d’entrain….etc.). On sent que l’on «touche» réellement ce qui est en soi par l’art d’être attentif à ce qu’on ressent intimement, sans s’appuyer ni sur l’intellect, ni sur l’analyse, ni sur l’interprétation C’est ce que Gendlin appelle bodily felt sense, le sens corporel.
Par les questions/reformulations précises de l’accompagnateur, le senti de ces impressions, chargées de significations, laisse graduellement émerger des éléments personnels et spécifiques. En général se sont des images ou des mots par lesquels le corps manifeste sa connaissance ; processus appelé experiencing.
Par la description de plus en plus précise de ces images et/ou la recherche de la justesse des mots qui résonnent au mieux avec le vécu, la personne va avoir une sorte de «prise» sur ce qu’elle vit intérieurement formulé par l’expression «handle» par Gendlin. Elle est de plus en plus à même de «saisir», ce qui n’était qu’une sensation floue au départ.
C’est cette « prise », qui produit dans la suite une ouverture et induit un sentiment d’apaisement et un mouvement de bascule intérieure de «l’absence de contact» à «l’existence d’un contact», phénomène appelée: felt shift; Le «flux de vie» peut de nouveau, ou enfin, circuler librement.
Il en résulte un immédiat et profondément réel, sentiment d’apaisement des tensions intérieures qui permet une libre circulation de vie au plus profond de soi, appelé body shift. La personne éprouve un sentiment de justesse, d’aboutissement à un nouveau positionnement, une nouvelle disposition intérieure, sans forcément de mouvement physique. Ce sur quoi la personne avait son attention et qui présentait un mal être, se met soudainement à produire un bien être. Cela se produit par le fait qu’il y a cohérence entre le ressenti et le mot trouvé ou l’image qui est apparue et qui a été décrite.
On pourrait résumer les étapes du processus ainsi :
- porter sa conscience dans son corps;
- établir le contact avec ce qui est là, à l'intérieur,
- le décrire sans porter de jugement;
- accompagner la partie de soi qui souffre, sans s'identifier à elle ni l'exclure;
- écouter ce qu'elle a à dire;
- créer une relation à long terme avec elle de façon à
- re-trouver un positionnement intérieur juste et harmonieux
- rapports équilibrés sur tous les plans intérieurs et extérieurs
L’attitude de l’accompagnateur
Par le guidage non-directif, il se place en situation de « rencontrer » et non de « solutionner ». Il ne pense pas à aider dans le sens où l’on entend généralement ce terme, mais plutôt à « reconnaître ».
En fait, la démarche est basée sur une attitude de présence et d’ouverture, d’écoute, de reconnaissance, de confiance et de considération pour l’être qu’il écoute. L’accompagnateur se laisse conduire par la personne en train d’accéder à elle-même et en qui sa confiance est absolue. Il intervient par des techniques de questions/reformulations précises et adaptées au processus afin de soutenir la personne qu’il écoute, d’exprimer plus précisément ce qu’elle cherche à dire afin qu’elle puisse tenter d’accéder à elle-même, qu’elle continue « d’accoucher » de cette « venue au monde » du « Soi » par les chemins qui sont justes pour elle.
C’est précisément cette attitude décrite de l’accompagnateur qui induit la possibilité de « se révéler » à soi-même et de pouvoir par la suite se « réorganiser », se « ré-ajuster »intérieurement.».